Quel merveilleux sens que l'ouïe. On laisse souvent traîner nos oreilles un peu partout et cette sublime technologie biologique permet de capturer certains moments coquassent notamment aux heures de pointe dans le tramway quand on se croirait, bien serré, dans une boîte de sardine. A cet instant, pour éviter de se laisser envahir par un sentiment de claustrophobie deux solutions s'offrent à nous : regarder le paysage qui défile aux grès des stations ou laisser vagabonder ses oreilles au fil des conversations qui nous arrivent.
Vu que je suis rarement proche d'une fenêtre lors de ces moments inconfortables, je m'occupe donc en épiant les conversations des autres, morceaux choisis :
"-Je me suis cassé un ongle l'autre jour et impossible que je sorte comme ça !-Clair !-Du coup je suis allée me faire faire une manucure et j'ai mis du vernis rose pourpre.-Rose pourpre ?! Ah ouais trop beau !" ...On apprend de nouvelles couleurs dans le tram.
"-j'ai regardé les nouveaux tarifs pour le centre aéré et c'est cher !-Ah oui c'est combien maintenant ?-Et bah c'est 12 euros par enfant et du coup avec deux enfants ça fait 27...-Ah oui c'est cher..." ...On apprend les mathématiques dans le tram.
"-J'ai regardé le dictionnaire sur la mort d'un pote-Un dictionnaire sur la mort ?!-Oui c'est un dictionnaire sur les mots qui touchent à la mort et le premier qu'on trouve c'est Abandon. Du coup je me suis demandé si c'était Abandon le premier mot du dictionnaire classique. Parce que B c'est la deuxième lettre de l'alphabet et des mots en Aa ça n'existe pas !..." ...On lit le dictionnaire dans le tram.
(Je tiens à signaler que d'après le Petit Larousse, le mot AA existe bien, il s'agit d'une coulée de lave à Hawaii présentant une surface constituée de blocs chaotiques. Le mot abandon n'arrive qu'en 11ème place !)
"Limites de notre ouïe - On entend que les questions auxquelles on est en mesure de trouver une réponse." Friedrich Nietzsche
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